La perte d’attractivité pour les territoires ruraux et la dévitalisation des centres-bourgs sont aujourd’hui réinvesties par les architectes et deviennent des objets d’étude et le support d’expérimentation tant dans la recherche urbaine qu’auprès des collectivités et des professionnels de l’aménagement de l’espace. Nous pouvons le voir dans la presse généraliste comme spécialisée où ces sujets sont traités régulièrement depuis plusieurs mois. Le travail du journaliste Olivier Razemon contribue fortement à la mise en avant de ce sujet. Mais deux actions d’envergure nationale sont également à retenir : le lancement du programme de revitalisation des centres-bourgs en 2014 ; la publication du rapport Aménagement des territoires ruraux et périurbains, dirigé par Frédéric Bonnet en 2016. La résidence d’architecte proposée dans la communauté de commune de Pont-Audemer s’inscrit ainsi dans un cadre réflexif en pleine émulation qui permettra d’enrichir les débats.
A travers les dynamiques de déprise des territoires ruraux, comme des petites villes et villes moyennes, l’habitat comme l’habitabilité de ces territoires sont alors des points centraux à questionner. En effet, il faut être en mesure de répondre à l’évolution des modes de vie, de la demande et des besoins des habitants et futurs usagers, ou encore aux nouveaux enjeux socio-économiques, écologiques et politiques actuels. Les réflexions doivent autant porter sur l’amélioration de la qualité de vie, que l’attractivité du territoire. Toutes ces nouvelles considérations poussent à redéfinir continuellement la définition et la fabrication des territoires urbains comme ruraux. Mais elles demandent également de regarder autant les dynamiques de périurbanisation que de dévitalisation des centres-bourgs, qui marquent le processus actuel de réorganisation des hommes et des activités dans l’espace. Il est nécessaire de regarder le territoire dans sa globalité, sur le plan spatial, comme dans son histoire.
C’est dans ce cadre que l’architecte a un rôle fondamental à jouer. Il est en mesure de porter un certain regard sur l’évolution de l’habitat, à l’échelle de l’édifice comme de l’îlot, au sein d’un tissu urbain constitué, et dans un territoire donné.
Depuis 2015, nous avons amorcé une démarche réflexive dans la pratique du projet architectural et urbain sur les thèmes de la ruralité et l’urbanité des centres-bourgs.
Centre-ville de Thiers. Photographie : Juillet 2013. Charline Sowa & Hugo Bruyant ©