Hugo bruyant, Mathieu Silvestre et Charline SowaSite :
Cité de l’Abbaye, Grenoble
Présentation du projet
Partir de l’existant
Notre réflexion cherche à s’ancrer dans une certaine réalité et à explorer de nouveaux modes d’habiter et l’habitat participatif à partir de l’existant. Cette volonté d’intervenir sur le tissu urbain existant est d’autant plus forte face aux enjeux actuels de développement urbain et de renouvellement urbain. Notre réflexion s’appuie sur les questions suivantes : comment définir un habitat auto-géré et partagé en ville à partir du bâti existant ? La réhabilitation peut-elle être porteuse d’utopie ? Comment l’habitat participatif peut-il être moteur de réhabilitation ?
La Cité de l’Abbaye, terrain exploré
Pour explorer notre problématique, le choix a été de réinvestir la cité de l’Abbaye, une intervention urbaine grenobloise emblématique du début du XXe siècle. En étant l’une des premières Habitation Bon Marché de Grenoble (HBM), elle représente un idéal d’habiter d’une certaine époque aujourd’hui obsolète, mais qui nécessite d’être réinvesti en tant que patrimoine urbain et culturel du quartier de l’Abbaye. Elle compose un fragment original du tissu urbain de la ville. Elle a aussi de nombreux atouts liés à sa position géographique : un marché installé du mardi au dimanche ; des équipements publics et des commerces de proximité ; une vie sociale et associative ; une identité interculturelle forte ; au cœur d’un réseau de transports (lignes de bus, pistes cyclables, automobiles) ; une proximité avec le campus et la coulée verte (15 minutes en transport en commun et en vélo).
Stratégie urbaine : réinscrire la cité dans le quartier
Pour permettre de réhabiter la Cité, la réponse imaginée cherche à allier patrimoine culturel, innovations architecturales et urbaines et nouveaux modes d’habiter. La Cité doit être reconsidérée comme un lieu de rencontre et de partage intergénérationel et interculturel. Pour ce faire, l’objectif du projet est de retisser des liens à l’échelle du quartier, des trois îlots, au cœur des îlots et au sein des montées d’escaliers et des logements, en réinscrivant le site dans un nouveau cycle de vie et en redéfinissant les espaces de transition.
1/ échelle du quartier
La Cité de l’Abbaye doit venir se réadosser au marché qui occupe la Place de la Commune de 1871. Les transversales est-ouest sont redefinies par un travail d’ouverture dans la Cité en relation avec la place (percée visuelle dans le bâti et cheminements piétons) et de traitement du sol (continuité urbaine et harmonisation de l’espace public). Le marché, avec les espaces de commerce de proximité, sont le cœur nourricier de la vie de quartier.
2/ échelles des trois îlots
Les trois îlots sont restructurés par un processus de dédensification du bâti et de redéfinition des usages. De nouvelles activités, complémentaires à celles existantes dans le quartier, sont imaginées. L’ensemble des espaces ouverts et les îlots sont reconnectés par un axe piéton orienté nord-sud.
> L’îlot sud propose un vivre ensemble autour dans un jardin partagé. Cet espace est co-géré à l’échelle des trois et offre un véritable cœur vert dans la cité.
> L’îlot central sert de rotule entre les deux autres îlots et la place du marché. Il accueille le l’ABB’, un espace co-géré par les habitants qui permet de créer de nouveaux liens avec le quartier.
> L’îlot nord cherche à favoriser les rencontres intergénérationnelles en ayant une caractéristique beaucoup plus résidentielle. Le bâti vient se réarticuler autour du square central, un espace de jeu et de rencontre pour tous les habitants.
Vers un habitat co-construit et co-géré
Dans la transformation de la Cité de l’Abbaye, le projet fait l’hypothèse d’une transformation du mode de gestion des espaces, actuellement centralisée par un unique bailleur social.
Nous imaginons un scénario où la gestion actuelle serait divisée en une multitude de gestionnaires afin de créer une mixité tant au sein de la population qu’au niveau des usages. La volonté est de proposer une co-gestion du site, et ce à différentes échelles de penser afin de responsabiliser les habitants à leur lieu de vie, de réduire certains coûts de gestion et leur permettre d’avoir accès à de nouveaux espaces, usages et activités aujourd’hui absents sur le site et au sein de leur logement.